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  • Photo du rédacteurCgt carrefour

Grande distribution. Les dirigeants de Carrefour se distribuent des millions


Alors que les salariés du groupe subissent de plein fouet le plan Bompard et ses suppressions d’emplois, et n’obtiennent que des miettes en participations aux bénéfices, les comptes montrent que la direction s’est augmentée de près de 80 %.


La nouvelle a de quoi attiser la colère. L’analyse des comptes consolidés du groupe Carrefour montre une explosion de la rémunération des hauts dirigeants et une généreuse distribution d’actions gratuites pour les cadres les plus performants. Et ces chiffres tombent après la massive mobilisation de ce week-end pascal, durant lequel plus d’une centaine d’hypermarchés ont été bloqués, 21 dépôts paralysés sur les 24, et des grèves ont éclaté dans plus de 300 magasins, preuve que les salariés sont à bout. « Ce jeudi après-midi, on rentre en négociations annuelles obligatoires (NAO), on va voir ce qu’ils vont nous proposer, mais déjà que les travailleurs se sont sentis humiliés par les 50 petits euros de participation aux bénéfices qu’ils nous proposaient, on apprend que les dirigeants se sont augmentés de 78,7 % sur un an ! C’est tout simplement insupportable », assure Virginie Cava, déléguée nationale CGT de Carrefour Hypermarchés.


Le mouvement va se poursuivre et la colère s’installe profondément

Depuis plusieurs mois, les salariés du groupe sont dans le flou. De grandes annonces ont été faites sur le passage de nombreux magasins en location gérance, la location de mètres carrés d’hypermarchés à d’autres enseignes comme Fnac-Darty, l’automatisation de toute la logistique et de lignes de caisses (les caissières représentent un quart des emplois du groupe), les 2 400 suppressions de postes, auxquelles s’ajoutent les 2 100 emplois menacés par l’avenir sombre des 273 magasins Dia, dont Carrefour veut se séparer… Le tout justifié par des résultats jugés décevants par le PDG du groupe, Alexandre Bompard. Sauf que ces 78,7 % d’augmentation des membres du conseil d’administration (soit 6,4 millions d’euros), sur la part variable de la rémunération, sont justifiés par… les résultats. Même chose pour les 1 739 450 actions (pour une valeur totale de plus de 35 millions d’euros) offertes gracieusement aux 950 plus hauts cadres sous condition de performance financière, quitte à sacrifier l’emploi. Des cadeaux insupportables pour les dizaines de milliers de salariés qui ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés dans le plan Bompard. « Carrefour va bien ! Il fait plus de 700 millions d’euros de bénéfices, le chiffre d’affaires est en hausse de près de 3 %, le groupe a plus de 3,3 milliards d’euros de trésorerie, énumère Virginie Cava. Et juste parce que la marge baisse, on nous dit qu’il est urgent de supprimer plus de 2 000 emplois ? Non, nous demandons le retrait du plan Bompard ! »

Le syndicat n’est pas opposé à la mise en place des nouveaux outils technologiques prévue dans le plan Bompard. Cela peut permettre, notamment, de baisser le temps de travail et, surtout, de former les salariés aux nouvelles tâches. « Il commence à y avoir de nombreuses études faites sur les nouveaux métiers. Les gains de productivité devraient permettre à l’employeur de former ses salariés et de ne pas supprimer de postes, affirme la déléguée nationale CGT de Carrefour Hypermarchés. Mais ils ne pensent qu’à court terme, pour la seule satisfaction des actionnaires. Il n’y a pas de raison que les nouvelles technologies ne soient qu’au service des milieux financiers. »

Le mouvement va se poursuivre chez Carrefour, d’autant plus que la colère s’installe profondément chez les salariés. Sur son principal mot d’ordre – le retrait du plan Bompard et la pérennisation des emplois –, la CGT est encore bien seule. Mais les salariés de Carrefour rejoignent de plus en plus cette position et pourraient faire bouger l’orientation des autres centrales syndicales, qui se proposaient plutôt d’accompagner le plan. Après la mobilisation de ce week-end, FO et la CFDT appellent au dialogue. La CGT ne souhaite pas se contenter de cette démonstration de force et appelle à de nouvelles grèves, le 13 avril et les week-ends des 1er et 8 mai. Le syndicat veut aussi rencontrer ses homologues dans la grande distribution, qui partagent des revendications communes et font face aux mêmes problématiques. « On parle ensemble de convergence des luttes, il serait bon aussi qu’on se coordonne avec les cheminots et les camarades d’Air France, on va essayer de travailler ensemble pour créer un vrai socle de progrès social pour les travailleurs. On peut y arriver », assure Virginie Cava.


Article : Pierric Marissal. VENDREDI 6 AVRIL 2018 L'HUMANITÉ

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